Ce qu’il n’y a pas à voir.
Bonjour! Aujourd’hui, malgré le temps trèèèès incertain, Sakura et moi décidons d’aller traîner nos guêtres à Arashiyama. Ces jours ci, je reste un peu trop enfermé pour mes révisions et chaque jour de congès de Sakura est un jour pluvieux… J’en ai marre, on tente le coup! De toute façon je veux sortir. Arashiyama, c’est LA destination touristique du coin. Près de Kyôto, les foules se pressent pour voir les temples, le parc aux singes, la ballade dans les gorges à bord du très célèbre petit train bâptisé « Torokko » (de l’anglais truck). On peut y descendre les rapides à bord de frêles esquifs gavés de touristes, ou se promener dans les eaux calmes sur de jolies barques… »The place to be », surtout à l’Automne. Le rougroiement des feuilles est très en retard cette année, et commence tout juste, c’est le bon moment. On a prévu la balade en train, puis le parc aux singes, plus si le temps est clément… oui mais voilà, il y a ce qui est prévu, et il y a ce qui arrive…
Nous voilà au bord de la Hozugawa, mes grands potes les hérons sont là, et ont même amené quelques amis cormorans. La petite promenade commence pour aller jusqu’à la gare du Torokko, le petit train qui longe les gorges de cette rivière. La gare est située en plein coeur du Kameyama Koen, un grand parc naturel tout autour de la ville.
Nous remontons donc la rivière et suivons le chemin qui mène à une grande forêt de bambous. Très subrepticement, le soleil perce un nuage ou deux, nous donnant l’espoir de voir les gorges sous leur meilleur jour…
Et voilà la forêt de hauts bambous. Finalement, je crois que je n’avais jamais traversé une vraie grande forêt de bambous. Il y en avait autour du Fushimi Inari, mais ni sur cette superficie, ni en si grande quantité. C’est assez impressionnant, je ne sais pas trop pourquoi. Peut-être simplement parce que pour moi « forêt » ça a toujours rimé avec « sapins »…
Bein oui… y a des usages qui n’ont pas de frontières… Si ça c’est pas une image qui montre qu’on est tous les mêmes… On pourrait prendre 5 minutes pour réflechir un peu à pourquoi malgré l’espace, le temps, la culture, l’histoire et la religion, un Homme est d’abord un Homme, mais le train va partir…
On s’arrête devant un petit bourg construit sur les parois des gorges. Immédiatement, mon coeur de Grenoblois traverse violemment 15 000 kilomètres en une seconde, et je me revois avec Sakura à Pont-en-Royans, au coeur du Vercors… Si tu ne connais pas, je ne peux pas te laisser quitter cette page sans une photo de Pont-en-Royans…
Mais revenons au Japon, où la balade en train, bien que sous un temps couvert, est plutôt jolie. Le plus amusant c’est que quand on croise une barque pleine de monde, tous les passagers, train et bateau se font des « coucou » énergiques. Comme des enfants, mais là, il y a des enfants de 70 ans…
Et puis on arrive à destination… Enfin façon de parler. Il faut que je t’explique le malentendu du jour. Moi, bonne poire, je suis persuadé qu’on prend ce train pour arriver à un endroit où on visite de belles choses, puis qu’on choisit de revenir sur Arashiyama par bateau, ou par ce même train, voire à pied etc… Quand nous arrivons à « destination », Sakura me dit qu’on doit changer de place, parce que notre billet retour n’est pas dans la même voiture… là, il y a comme un blanc entre nous…
« De quoi? » lui dis-je? « On a 5 minutes avant de repartir » me répond-elle. Et moi de rétorquer : « tu veux dire qu’on a payé 1200 yens par tête pour la ballade en train et qu’il n’y a rien à faire ici? » « Bein oui » s’agace ma tendre moitié. Pas moyen! On est à la gare de Kameoka, et devant nous s’étend un petit bourg. Je décide de changer nos billets pour le train suivant, soit une petite heure après, ce qui nous laisse le loisir de nous promener dans la campagne Japonaise.
L’employée de la gare à qui nous nous adressons est tellement surprise de notre demande qu’elle nous répète 3 fois « mais il n’y a rien à voir ici! Vous êtes sûrs? C’est bon? » Oui oui on est sûrs. Maintenant que l’on est bien prévenus, laisse moi te montrer ce qu’il n’y avait pas à voir…
Le temple que l’on (n’)apperçoit (pas) de l’autre côté de la rivière est accessible par un endroit que nous ne trouverons pas. Tant pis, allons (ne pas) voir les rues du patelin.
Le patelin en question doit être assez grand tout de même, mais la partie de la ville que nous allons voir est légèrement isolée. Tu peux te référer à la page « A la carte » si tu veux mieux visualiser. (n’) Allons (pas) découvrir le Japon…
Il est certain que pour l’employée choquée, qui habite vraissemblablement ici, il n’y a pas grand chose à voir. Mais pour l’homme du bout du monde que je suis, elle n’imagine pas à quel point une simple rue comme celle-ci est 1000 fois plus intéressante qu’un petit train fantaisie (tu notes qu’il n’y a pas une seule photo du fameux train, pourtant mignon…). Bref! Entrons dans une des parties du Japon trop souvent boudée par les visiteurs.
Je suis vraiment inculte en botanique, aussi j’ignore le nom de cette fleur duveteuse, mais elle était bien jolie. Si tu connais son nom, n’hésite pas à me l’indiquer. Pour l’instant voici un muret qui entoure une assez grande propriété.
Je suis toujours épaté par ces vieux murs qui tiennent (depuis des sièceles parfois), on ne sait trop comment… J’avais beaucoup apprécié ceux du château d’Himeji l’an dernier…
Une reserve de bois. C’est bête, mais c’est chouette!
Quant au Chozoubachi qui annonce déjà un temple, il est simple, mais efficace. Le poisson-chat semble être un symbole de la ville si on en croit les drapeaux croisés par-ci par-là.
Le temple en question est là haut. En fait, il s’agit plutôt d’un ensemble d’autels que d’un gros temple comme on en voit plein mes pages… En plus, c’est en rénovation. Dommage, mais puisqu’il n’y a rien à voir, allons-y les yeux fermés.
Oui bon bein j’crois qu’c’est clair hein! On a bien fait de (ne pas) venir… Mine de rien le temps passe et il faut retourner vers la gare. En quittant le village, je remarque quelques petits torii de fortune, disposés au sol. Je leur prête la même vocation que celle expliquée par Toyotsu en commentire de mon article Passer au vert, à savoir des sortes de rappel à la conscience civique par les voies de l’évocation des valeurs religieuses.
En retrouvant la route principale, on peut observer l’autre partie de la ville qui semble déjà dessiner les premiers traits de ce que sera Kameoka un jour prochain… En attendant, Papy est là, et il travaille son jardin, en fumant sa clope.
Et son voisin le héron profite de la tranquilité rurale.
On regagne la gare, et on repars sur Arashiyama sous l’oeil malin des Tanuki (espèce locale cousine du raton laveur, très ancrée dans le folklore Japonais). La pluie s »abat maintenant avec rage sur les hordes de visiteurs dans les rues d’Arashiyama. Nous décidons de rentrer à la maison, et de revenir un autre jour pour voir le parc aux singes et les temples.
De toute façon, à Arashiyama non plus, il n’y a sûrement rien à voir…
A bientôt!
j’adore Arashiyma, super photos! Juste au passage le nom de la fleur est le crête de coq, alors peut-être devrais-tu en faire la fleur emblème de ton blog non? 😉
01/11/2010 à 09:05
Haha pas mal comme idée! Et merci pour l’info.
Finalement je n’ai vu que peu de choses d’Arashiyama 🙂 Mais cette visite semi improvisée de Kameoka m’a pleinement comblé. Reste à retourner visiter un peu mieux Arashiyama.
01/11/2010 à 09:44
Et bien, tu as bien fait d’y aller les yeux fermés. Cela confirme qu’il ne faut pas hésiter à sortir des sentiers battus.
Quelle a été la réaction de Sakura finalement à votre petite escapade improvisée ?
03/11/2010 à 08:06
Oh elle était ravie! heureusement elle aime tout autant que moi se promener, même là où il n’y a pas grand chose à visiter… C’est juste qu’on ne s’était pas compris et qu’elle n’avait pas précisé que l’aller-retour se faisait d’une traite. Souvent un détail qui semble évident pour elle ne l’est pas pour moi et inversement, donc parfois ça donne des situations… « amusantes »…
03/11/2010 à 10:37
J’aime Arashiyama – j’y étais l’année dernière à cette même période et deux ans auparavant aussi – mais ce qui me manque le plus c’est d’aller là où « il n’y a sûrement rien à voir ». C’est certainement à ces instants-là que je me sens le plus en osmose avec le Japon.
03/11/2010 à 13:46
On est d’accord… Ca ne veut pas dire que ceux qui se « contentent » des lieux touristiques ne peuvent pas comprendre le Japon, bien entendu. Les hauts lieux ne le sont pas pour rien…
Mais les petits lieux comme ça, les endroits « normaux », « quotidiens » ou je ne sais comment les appeller, sont aussi importants à vivre, quand on en a le temps et l’envie.
03/11/2010 à 16:21
La forêt de bambou doit être un lieu magnifique à voir (et pas qu’en photos j’entends)
J’aime bien aussi la village au bord de la falaise du fleuve, on en voit des comme ça en Province.
Je serais surement enchantée moi aussi de voir de tels lieux:)
06/11/2010 à 17:15
Ha j’oubliais aussi, ce qui serait sympa et surtout pratique, c’est de rajouter une balise à la fin de tes articles soit pour passer à l’article suivant, soit de remonter en haut du blog ^___^
c’est du détail je chipote mais c’est mon avis 😀
06/11/2010 à 17:17
Il y a des boutons « article suivant » et « article précédent » en bas des articles. Ce sont les flèches, pas assez visibles j’imagine. Mais comme j’utilise un thème existant etc, je ne m’occupe pas du tout de ce genre de gestion du blog, je ne sais pas faire et franchement je n’en ai pas l’envie. Créer la banière et le fond du site, c’est toute l’étendue de ma personnalisation…
08/11/2010 à 03:29
Dans la forêt de bambous, il y avait des pancartes indiquant de faire attention aux singes sauvages, mais malheureusement, nous n’en avons pas croisé… En tout cas comme je l’ai dit, c’est vrai que c’est impressionnant et tellement « cliché » qu’on en est presque dépaysé, même lorsqu’on vit ici.
08/11/2010 à 03:26
ARf effectivement, elle est pas très voyante la tite flèche … -____-
là que tu le dis, je la vois 😀
Bon je le saurais pour les prochaine fois 😉
08/11/2010 à 22:29
j’ai aimé cette balade dans ces endroits ou il n’y a rien d’important à voir justement et loin des lieux touristiques; tu as réussi à m’entraîner dans tes pérégrinations alors que tu te trouves à l’autre bout du monde…Bravo
j’aime beaucoup la photo des autels en réfection avec un petit flou.
Bisous
14/11/2010 à 16:27
Merci beaucoup! Je ne sais pas pourquoi cete balade t’as plus « entraîné » que d’autres, mais pour moi elle était particulière parce que complètement libre. J’entends pas là que nous n’allions rien voir de précis et que tout ce qu’on découvrait était une vraie surprise. C’est sans doute le genre de chose naturelle dans son pays, mais rare quand on est un étranger, pour par dire un touriste.
La plupart de mes balades visent cet idéal : extraire du quotidien ces images qui sont des rencontres fortuites. Pour moi la plus belle image de cette promenade est la feuille au fond de l’eau dans la pierre creusée en forme d’éventail 🙂
14/11/2010 à 23:55
Une belle petite ballade, à ajouter à ma liste. Niwatori, mon projet se concrétise ! Je vais surement aller au Japon dans le cadre d’un programme de l’UE
19/02/2011 à 12:00
Ah super!! Je suis bien content pour toi! J’espère que tu nous en diras plus sur tes pages! J’ai hâte de connaître plus de détails!
20/02/2011 à 00:54