balades d'un couple franco-japonais…

Il suffit de passer le pont.

Je suis donc de retour à Osaka, et je n’ai pas perdu de temps pour reprendre mes visites et déambulations. Aujourd’hui, comme souvent, j’ai décidé de rallier un point B, et, à partir de là, me laisser guider par mes envies. A l’image de ce guitariste dont les notes sont dispersées par le vent, et dont le seul public est la faune de Yodogawa, mes pérégrinations du jour m’ont rappelé les paroles de Brassens : « il suffit de passer le pont, c’est tout de suite l’aventure« . Du temple Tenmangu aux berges de Yodogawa, la promenade du jour est placée sous le signe des Arts et Lettres…

Nous sommes à Minami-morimachi, et le temple qui se dresse devant nous est le Tenmangu, plus communément appelé « Tenjin-san ». Il est l’un des plus célèbre temple dédié à Tenjin et abrite au mois de Juillet le Tenjin Matsuri, une des 3 plus grande fête du Japon. Si j’ai bien compris, Tenjin est le dieu shinto des arts et des lettres. Il est la déification de Sugawara no Michizane, érudit de l’ère Heian mort de désespoir après avoir été accusé à tort de complot contre l’empereur. S’en sont suivit des catastrophes naturelles. Aidé par la croyance comme quoi une personne morte pleine de rancune devient un esprit Onryô, il fut assimilé à Tenjin. Petit à petit, Tenjin prit la forme du dieu des études et des lettres, domaines où excellait Sugawara no Michizane, et aujourd’hui, il n’est pas rare qu’il soit honoré par les étudiants avant un examen par exemple. Bref, cette parenthèse folklorique étant faite, regardons des images…

Voilà pour le petit tour de ce très beau temple. Il ne nous reste plus qu’à marcher pour trouver quelque chose d’autre à voir…

Comme partout ou presque au Japon, je ne tarde pas à croiser une galerie marchande. Elle est très très longue (en fait j’ai su après coup qu’elle s’appelle Tenjinbashi-Suji et que c’est la galerie marchande la plus longue du Japon… 2,6km je crois), mais c’est surtout son fronton qui me plait avec ses personnages théâtraux qui m’invitent à entrer. Rien d’extraordinaire à l’intérieur, des boutiques aux noms français, des cafés, des tailleurs… En sortant de là, je suis à deux pas du parc de Ogimachi, aux abords duquel un bon nombre de sans abris résident. Le parc en lui même n’est pas franchement intéressant, mais un building d’une grande chaîne de télé présente une architecture sympa… EDITION : je sais depuis qu’il a été designé par Friedensreich Hundertwasser et qu’il a commis une autre curiosité que tu trouveras dans cet article).

Je traverse le parc, en remontant vers le nord, la grande roue de Umeda ne semble finalement pas si loin. Je passe devant une école, décidément, Tenjin semble me montrer le chemin, mais, plus que l’école, c’est l’immeuble derrière elle qui me fait sortir mon appareil photo.

De proches en proches, je marche depuis presque 45 minutes, traversant des quartiers deserts par des petites rues, et débouche finalement sur Umeda. Puisque je suis là et que je connais déjà bien ce quartier, je décide de pousser mes pieds jusqu’au bord de la Yodogawa, un endroit où je voulais aller depuis l’année dernière, mais qui n’excitait pas franchement la motivation de Sakura. Mais aujourd’hui je suis seul, c’est donc reparti pour 30 minutes de marche. Petit à petit les ruelles se font silencieuses, et deviennent moins acceuillantes. L’endroit est pauvre, sous la voie ferrée, et quelques squats de sans abris apparraissent. Mais tout à coup, une rue, une seule, semble avoir pour objectif de fournir de la verdure pour tout le quartier. Impossible de ne pas garder une image de cette résistance à la tristese urbaine.

Et voilà, nous sommes sur les berges de Yodogawa. C’est la plus grande rivière qui traverse Osaka. Elle prend sa source dans le lac Biwa, lui même le plus grand lac du Japon. Et c’est là, où il n’y a rien d’autre qu’un guitariste solitaire (un peu plus loin je croiserai un trompettiste solitaire), c’est là, finalement, que je vais prendre les clichés que je cherchais.  Les temples c’est bien, c’est interessant, mais les ponts sur Yodogawa de la ligne Hankyu, ça aussi (surtout?) c’est Osaka.

Derrière nous, le Sky Building se dresse fièrement, comme pour attirer notre attention loin des dessous de ponts moins glamour pour les touristes.

Le silence est déchiré toutes les 2 minutes par un train lancé à pleine vitesse. Mais les canards qui vivent ici semblent plus dérangés par ma présence que par celle des fusées sur rail qui leur passent au dessus.

Je traverse à pied, jetant un dernier regard sur les tours qui appellent les Osakaïens. Et je constate avec plaisir qu’une fois encore, pour s’offrir un autre aspect des choses, il est bon de chercher un nouvel angle de vue. « Il suffit de passer le pont, c’est tout de suite l’aventure » n’aura jamais prit autant de sens pour moi qu’aujourd’hui. Et ce soir, chez ma collègue rencontrée lors de notre formation, et qui vit aussi à Osaka, nous mangeons un nabé en écoutant Brassens. C’est fou comme une journée qui a commencé par une visite au dieu des Arts et des Lettres peut être guidée par lui, discrètement… Je vais peut-être devenir shintoïste pour de bon finalement?

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2 Réponses

  1. Michoko

    Magnifique comme toujours

    29/03/2012 à 23:06

    • héhé merci beaucoup! Je dois dire que cet article, et cette journée reste un excellent souvenir, et un assez bon cru pour les photos. 😀

      29/03/2012 à 23:09

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